Carrousel Boréal est le sujet d'un article de Michel Gasqui dans Cinéscopie... n°21, mars 2011

   La revue des amateurs de cinéma,
Cinéscopie,

consacre dans son numéro 21 de mars 2011
deux pages signées Michel Gasqui
sur le film Carrousel Boréal.

   En évoquant ce film, qui est le dernier film réalisé par Ladislas Starewitch en 1958, de façon précise Michel Gasqui souligne à la fois le « style Starewitch » Fraîcheur du sujet, espièglerie des personnages, réalisme dans les attitudes et les émotions, précision des mouvements constituent entre autres caractéristiques, le style du cinéaste. » et  surtout un point souvent négligé par les programmateurs : « […] la délicate poésie et le charme exceptionnel de son animation étendent son intérêt sur un public bien plus large. » (…que le public pour enfant).

 

Quelques photos du film…
 

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Carrousel Boréal, 1958, © Collection Martin-Starewitch

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Carrousel Boréal, 1958, © Collection Martin-Starewitch

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Carrousel Boréal, 1958, © Collection Martin-Starewitch

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Carrousel Boréal, 1958, © Collection Martin-Starewitch 

 

 

Le texte complet de l'article de Michel Gasqui :

 

 

vendredi 5 décembre 2014

LES FILMS DE MA COLLECTION - Animation - Carrousel Boréal

Films d’animation

Carrousel Boréal de Ladislas Starewitch
Par Michel Gasqui

J‘ai acheté ce merveilleux petit film de Ladislas Starewitch à Jean-Yves Fontaine. Autant dire que je me suis précipité pour l’avoir lorsque je l’ai vu passé sur EBay. Fait du hasard, j’avais assisté, peu de temps auparavant à un ciné-concert dans lequel ce même film était programmé. Peu convaincu par le travail des musiciens accompagnateurs[1], j’avais par contre été complètement séduit par la fraîcheur qui se dégageait de « Carrousel Boréal » et ses couleurs magnifiques. J’ai retrouvé le même plaisir en regardant ma copie 16mm aux couleurs impeccables.

 

CARROUSEL BORÉAL (Winter Carousel)

Film en couleur, 350 mètres (12 minutes), 1958
Le film a été produit par Alexandre Kamenka (les films ALKAM) qui signe la direction artistique.
Scénario, animation et marionnettes : Irène et Ladislas Starewitch
Musique : Daniel White
Ingénieur du son : René Louge
Enregistrement : Studio Marignan
Laboratoire Eclair
Il s’agit du dernier film achevé de Ladislas Starewitch.

 

Scénario

C’est l’hiver dans un paysage de campagne enneigé avec un lac gelé à souhait pour s’adonner au patin à glace. Deux personnages, un ours brun et un lapin, espiègles, ne demandent qu’à s’amuser. Survient une jeune ourse sur son traineau tiré par trois lapins qui accepte bien volontiers de partager leurs jeux. La belle, chaussée de ses patins, perd intentionnellement son mouchoir. Un des compères le ramasse, fait mine de lui rendre mais le subtilise au dernier moment. Il s’ensuit une série de jeux, courses poursuites et autres glissades sur la glace. Bientôt, alors que l’on perçoit le début de la fonte des neiges, arrive le moment de la séparation. L’ourse blanche doit s’en retourner. Nos deux compères se retrouvent seuls et tristes mais l’hiver va laisser le place au printemps. Alors, le bonhomme de neige, curieux personnage, se transforme en un bonhomme de printemps, musicien, aux yeux en fleurs et qui ressemble vaguement à une cigale.

 

 Le Style Starewitch

Le film possède un charme particulier propre aux œuvres de Starewitch. Fraîcheur du sujet, espièglerie des personnages, réalisme dans les attitudes et les émotions, précision des mouvements constituent, entre autres caractéristiques, le style du cinéaste. A l’instar des réalisateurs de films d’animation les plus réputés, Starewitch crée du mouvement, donne de la vie à des objets inanimés qui, grâce à lui, bougent, marchent, glissent, accomplissent des gestes originaux et merveilleux ; toutes choses qui caractérisent sa technique d’animation qu’il nomme « Plastique animée ». Dans le « Carrousel Boréal », les personnages sont des animaux en peluche mais l’animation de Starewitch leur donne une dimension naturaliste. Les yeux, la finesse des doigts, la petite langue gourmande de l’ours brun ou de ses compagnons léchant la glace, par exemple, sont des éléments qui participent à donner de la vie aux marionnettes.

 Des techniques « délicieusement » artisanales

Les trucages tiennent de la « méthode Méliès » : fééries et tours de magie délicieux. Ladislas Starewitch utilise l’effet kaléidoscope, les chromotropes[2] en fond pour le carrousel, le décor défilant derrière les personnages pour simuler un traveling latéral accompagnant les personnages, les fils transparents (cheveux d’Irène ?[3]) pour maintenir les personnages en apesanteur, les miroirs pour représenter le lac dégelé, des fils tremblotants sortant de la gueule du lapin pour signifier ses sifflements, les fondus enchaînés pour marquer le passage de l’hiver au printemps. La musique, un peu désuète, accompagne gentiment les images. La palette des couleurs est particulièrement riche. Dans la première partie, des tâches de couleurs vives (bleu, vert, rouge) appartenant aux vêtements des personnages virevoltent sur des décors enneigés colorés de couleurs tendres alliées au blanc (bleu, vert, rose). Ensuite, l’apparition du printemps laisse les couleurs s’emparer gaiement et sans mesure des décors et des accessoires.


Le carrousel tient une place centrale dans la construction de l’histoire et dans le temps réel du déroulement du film puisqu’il se situe au milieu. Il s’agit d’un sapin brillant de mille feux qui tourne en emportant nos amis dans une ronde endiablée. Le printemps engendre de nouveaux jeux, de nouvelles activités entreprises avec toujours autant de légèreté ! Les jouets en peluche qui incarnent les personnages principaux se voient, à plusieurs moments rejoints par des animaux plus familiers de Starewitch tels deux mulots qui jouent aux dés, des oiseaux dans le nid, une cigale et une fourmi construisant une cabane de bois. Le film s’achève sur un rêve, un songe… L’ours brun voit la belle ourse dans son traineau navigant dans le ciel aux côtés de la Grande Ourse… Rêveur, il effeuille une marguerite… Le nœud rouge offert par la jeune amie s’envole et se transforme en papillon puis devient le mot FIN.

L’amour était au rendez-vous…

 

Avec Carrousel Boréal, Ladislas Starewitch a réalisé un film pour enfants, dans l’esprit des films réalisés à la demande de Sonika Bo[4], après guerre, mais la délicate poésie et le charme exceptionnel de son animation étendent son intérêt sur un public bien plus large.

 

A lire :

– Ladislas Staréwitch, 1882-1965

Par Léona Béatrice et François Martin

Editions L’Harmattan, 2003.

Sur le web : http://Is.-pagesperso–orange.-fr

 

A voir, en ciné-concert :

(il ne s’agit pas de celui cité plus haut)

L’Univers animé de L. Starewitch, Création 2008/2009 de l’Euphonium Quartet, ce ciné-concert composé de quatre courts de Ladislsas Staréwitch (Le Rat des villes et le Rat des champs, Le Lion devenu vieux, Fétiche Mascotte et un inédit, La Reine des Papillons) vise à explorer le monde du réalisateur et de son voyage jusqu’en France par des jeux de musiques traditionnelles, atmosphères et autres astuces ludiques.

Contact : Marie-Catherine Henry, Euphoniumbigband

Tél : 02.35.08.20.29

www.euphoniumbigband.com

(M. G.  article paru dans Cinéscopie n°21, mars 2011)

 


[1] Ceux-ci avaient enlevé le son des films projetés pour le remplacer par leur propre bande son.

[2] Chromotrope : variation de la plaque de lanterne magique en rosace. Les images sur les plaques, fixes et mobiles, représentent des spirales ou des motifs en zigzag qui, lorsque tournés l’un contre l’autre, produisent des motifs de moirage ou d’interférence. A la projection, les effets sont fascinants.

[3]« Irène a de longs cheveux blonds. Voilà bien son malheur. Car le père d’Irène, Ladislas Starewitch, les lui arrache un à un pour servir de ficelles invisibles aux poupées animées de leurs films ! » (Cinévogue, 21 avril 1948 – extrait cité par Léona Béatrice et François Martin dans « Ladislas Starewitch 1882-1965 »).

[4]Sonika Bo a fondé un Club Cinématographique d’enfants, « Cendrillon », en 1933 dont le but est de s’adresser aux enfants de 6 à 12 ans. Dans cette perspective, elle créa une cinémathèque et elle suscita la création de nouveaux films destinés à son public. (dans « Ladislas Starewitch 1882-1965 »).

(Article publié dans Cinéscopie n°21 - mars 2011)

 

 

 

 Même s’il ne reprend pas les articles de la revue, il faut consulter le site de Cinéscopie !

 

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