Le Coffret 5 DVD - Revue de Presse

La presse parle du coffret Ladislas Starewitch !

* L'avant scène cinéma - 624 juin 2015 - p 134
 

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  * Agathon sur le site lelitteraire.com le 27 mai 2015.    Voir le site...
 by agathon | 27 mai 2015 · 10 h 50 min
          http://www.lelitteraire.com/?p=15565

Ladislas Starewitch, 1882–1965, cinquantième anniversaire
Œuvres choi­sies d’un génie

   Les lec­teurs qui ne connaissent pas encore Sta­re­witch (1882–1965), l’un des rares génies de l’animation, n’aurons sans doute jamais une occa­sion meilleure que ce cof­fret de décou­vrir son œuvre – admi­rée, soit dit en pas­sant, par Terry Gil­liam, Jan Svank­ma­jer, les Frères Quay, Tim Bur­ton et maints autres cinéastes qui s’en sont copieu­se­ment ins­pi­rés.
   Res­tau­rés et réédi­tés sous la direc­tion de Léona Béa­trice Martin-Starewitch (la petite-fille du cinéaste) et de Fran­çois Mar­tin, se trouvent réunis ici la plu­part des chefs-d’œuvre de ce maître. Cer­tains des films choi­sis pour le cof­fret sont des plus célèbres, comme
Les Fables de Sta­re­witch, d’après La Fon­taine, ou la série des aven­tures du chien Fétiche, dont la superbe ver­sion inté­grale de Fétiche Mas­cotte, inti­tu­lée Fétiche 33–12 (ces chiffres ren­voient à l’année où le film fut réa­lisé et à celle où son mon­tage ini­tial a été recons­ti­tué). D’autres sont mécon­nus, mais dignes de la répu­ta­tion de leur auteur, notam­ment la série Nina Star (c’est le pseu­do­nyme de Jeanne, l’une des filles du cinéaste) et Amour noir et blanc où appa­raissent, mués en marion­nettes, Cha­plin, Mary Pick­ford, Tom Mix et d’autres gloires du cinéma muet.

  Ce qui frappe le plus le spec­ta­teur actuel, chez Sta­re­witch, c’est l’inventivité qui semble inépui­sable – qu’il s’agisse de créer des marion­nettes d’une diver­sité phé­no­mé­nale, ou de mêler les prises de vue réelles, l’animation et le des­sin animé – et qui se com­bine avec une palette émo­tion­nelle des plus éten­dues. Le mièvre en est exclu ; le mélo­dra­ma­tique ne s’y mani­feste que rare­ment, grâce à quoi aucun de ces films n’apparaît comme obso­lète ; l’humour est omni­pré­sent, se com­bi­nant ou alter­nant avec toute la gamme qui va du tou­chant au poi­gnant. Cette richesse de la forme et du contenu des­tine la plu­part des films à un public adulte, le seul capable d’en goû­ter toutes les qua­li­tés, même si l’on peut parier que bon nombre d’enfants vont s’en réga­ler à leur manière. A ce pro­pos, je vous sug­gère de vision­ner le cof­fret d’abord entre adultes, pour juger de ce qu’il convien­drait de mon­trer aux petits : les plus sen­sibles pour­raient être heur­tés, par exemple, par l’aspect visuel assez effa­rant des insectes de Sta­re­witch (volumes 1 et 2) ou bou­le­ver­sés par le contenu du Lion devenu vieux (volume 3), d’après La Fon­taine – sans doute le plus poi­gnant et le plus désa­busé des chefs-d’œuvre du cinéaste.
   Mon seul regret à pro­pos de ce cof­fret qui regorge de tré­sors, bonus com­pris, c’est qu’on n’y trouve pas le sublime
Roman de Renart, que Doriane Films avait édité en 2000. A quand une nou­velle édi­tion restaurée ?

agathe de lastyns

Ladis­las Sta­re­witch, 1882–1965„ cin­quan­tième anni­ver­saire, cof­fret de 5 DVD, Doriane Films, mai 2015, 496 min.

 

* Bernard Génin dans l'émission de Michel Ciment Projection privée sur France Culture, le 13 juin 2015.

http://www.franceculture.fr/emission-projection-privee-bruno-podalydes-2015-06-13
Le conseil de la semaine  49'50 par Bernard Génin (Karel Zeman et Ladislas Starewitch)
Bernard Génin parle du coffret Starewitch : 52'28 à 58'50.

Le texte de l’émission :
« Michel Ciment : Le conseil de la semaine, ce sont deux événements liés à l’animation cet art merveilleux dont on ne parle pas assez, et pour évoquer ces deux événements j’ai demandé à Bernard Génin qui est un des grands spécialistes français de l’animation qui a écrit des livres sur le sujet de nous parler d’abord de Karel Zeman ce grand auteur tchèque dont plusieurs films sont en salles, trois films de lui, et puis ensuite d’un coffret « Ladislas Starewitch » 496 minutes dont on parlera plus longuement.

Michel Ciment : Alors Ladislas Starewitch, donc, cinquantième anniversaire de sa mort, il est né en 1882, il est mort en 1965. Voici cinq DVD proposés par Doriane Films donc dix-neuf films réalisés entre 1920 et 1937, et je le disais cinq-cents minutes de visionnement avec des films, euh, L’Homme des confins, Les Fables de Starewitch d’après La Fontaine , alors qui était ce Ladislas Starewitch qui travaillait d’ailleurs avec sa fille Irène ?
Bernard Génin : Absolument. Donc Starewitch c’est gigantesque, c’est énorme, c’est un des grands précurseurs de l’animation. Il est contemporain de Méliès et d’Emile Cohl, et il a une vie absolument incroyable puisque, donc il est polonais d’origine, il gardera sa nationalité polonaise toute sa vie, mais il va être élevé en Lituanie à Kovno par ses grands-parents, par deux tantes et deux oncles qui sont des passionnés d’entomologie donc il va très tôt dans sa jeunesse faire la chasse aux papillons, il va faire du théâtre, il va faire de la peinture, de la caricature, il est doué pour tout. Et un jour il découvre les films d’Emile Cohl et il se dit, puisque c’est possible d’animer des petits dessins, ça doit être possible d’animer des objets aussi. Et il voulait reconstituer la lutte de deux cerfs-volants, deux insectes, et il essayait de les filmer et les insectes se figeaient dès qu’il allumait ses projecteurs. Alors un jour il a eu l’idée d’utiliser deux insectes morts, il a mis des petites boules de pâte à modeler aux charnières, aux articulations et il a filmé la lutte de deux mâles qui se battaient pour une femelle, et le film a été projeté, le tsar Nicolas II l’a vu, l’a félicité. On a cru qu’il avait dompté les insectes, il avait donc une connaissance de la vie des insectes incroyables. La suite, donc ça c’est en 1910, il avait trente ans, 28 ans et en 1920 il part en France, il s’installe à Fontenay-sous-Bois, c’est là qu’il va faire toute sa carrière, il a quarante ans quand il arrive en France. Et à Fontenay-sous-Bois il va réaliser ses chefs-d’œuvre dont le fameux Roman de Renard qui a fait le tour du monde, qui est vraiment un chef-d’œuvre ça, vous pouvez le trouver, il est en vente partout en DVD. Et le coffret qui paraît aujourd’hui est capital puisque c’est le complément de ce long métrage célèbrissime, là ce sont les courts métrages. Et dans les courts métrages on trouve des merveilles qui ont émerveillé Terry Gilliam, quand il a vu certains courts métrages il a dit mais c’est forcé : Starewitch a influencé Švankmajer. Quand Wes Anderson...
Michel Ciment : Švankmajer, autre...
Bernard Génin : réalisateur tchèque...
Michel Ciment : tchèque, La possibilité du dialogue
Bernard Génin : La possibilité du dialogue et puis les longs métrages où on sent le surréalisme de Švankmajer, bien ce surréalisme il est présent dans certains courts métrages de Starewitch. Dans Fétiche Mascotte il y a des scènes absolument incroyables, qui évoquent, moi je vais même plus loin il y a des scènes avec des insectes, des balais, le diable, des personnages en ficelle découpée qui m’ont fait penser, moi, à la bacchanale de Viridiana pour vous dire l’influence surréaliste, et Ado Kyrou d’ailleurs cite Starewitch  dans son , « Le surréalisme au cinéma », et donc voilà.
Michel Ciment : Son rapport à La Fontaine avec Les Fables de Starewitch ?
Bernard Génin : Alors c’est drôle parce qu’il avait fait du temps où il était en Russie, il ne faut pas oublier qu’il quitte la Russie en 1920, donc il a réalisé plein de films en Russie avec comédiens, il a même dirigé le comédien Ivan Mosjoukine, il a fait des films d’animation d’insectes pour le musée d’histoire naturelle de Kovno, il était en Lituanie à l’époque, et ses films ont reçu des prix, aux Etats-Unis, ont été célébrés comme de très grands films. Donc en Russie il est resté dans la mémoire du cinéma d’animation russe comme un très grand, grand cinéaste d’animation. Or il a réalisé une Cigale et la fourmi en 1912 mais qui n’est pas inspiré de La Fontaine bizarrement, de Krylov, mais après il a re réalisé La Cigale et la fourmi en 1927 quand il était en France sur les vers de La Fontaine. Et donc il a fait plusieurs films comme Le Lion et le moucheron, Le Lion devenu vieux, Les Grenouilles qui demandent un roi donc il a vraiment adapté pas mal, c’est pour ça qu’il y a un DVD entier qui s’appelle Les Fables de Starewitch. Et je voulais préciser autre chose, c’est qu’un cinéaste comme Wes Anderson quand il fait Fantastic Mister Fox, il se réfère au Roman de Renard de Starewitch, il dit, il a tenu absolument à le faire image par image, à ce qu’on voit le pelage bouger, à ce que ça devienne pas parfait comme c’est parfait quand on fait de l’image de synthèse 3D en hommage au Roman de Renard où on sentait mieux l’artisanat de l’artiste en train d’animer ses marionnettes.
Michel Ciment : Et Nina Star ?
Bernard Génin : Alors Nina Star c’est la fille cadette de Starewitch qui s’appelait Jeanne, et donc il l’a fait très souvent tourner dans ses films. Donc il y a un DVD entier qui s’appelle Nina Star, c’était le pseudonyme qu’avait pris la petite Jeanne. Donc il y a énormément de films pour enfant dont elle est l’héroïne et qui mêlent prise de vue réelle et animation. Souvent elle s’endort et on voit ses jouets qui s’animent et ça donne des petits bijoux. Parce que je précise aussi une chose c’est que Starewitch était un animateur prodigieux, quand on voit le mouvement qu’il donnait à ses marionnettes on est ébahi.
Michel Ciment : L’Homme des confins ?
Bernard Génin : Dans L’Homme des confins on trouve justement le fameux Fétiche 33-12 qui porte un titre bizarre parce qu’il a été réalisé en 1933 mais c’est seulement en 2012 qu’on a restauré l’intégralité de la copie. L’homme des confins, c’est le surnom qu’avait donné la petite fille de Ladislas Starewitch, Béatrice Martin-Starewitch, à son grand-père parce qu’elle trouvait qu’il était tiraillé entre plusieurs choses : il est multiculturel, il est polonais mais il travaillait beaucoup à Moscou, ensuite il s’installe en France, il est tiraillé entre le réalisme et le surréalisme puisqu’il y a beaucoup de scènes réalistes, il fait beaucoup de prises de vues réelles, mais il mêle souvent à l’animation. Et dans ce coffret on trouve des petits bijoux comme Dans les Griffes de l’araignée, un court métrage de 1920, où tous les insectes vivent dans des petites maisonnettes, euh, se déplacent en carrosse, parce qu’il y a des gros plans, c’est pas du tout uniquement dans le monde de la nature. Il y a Les Yeux du dragon qui est un film chinois, un conte chinois qu’il illustre magnifiquement et surtout il y a Amour noir et blanc et c’est un des rares films de Starewitch où il anime des marionnettes, des humains puisqu’on y voit Charlie Chaplin, on y voit Marie Pickford, on y voit Tom Mix, Ben Turpin et surtout le début du film montre deux petits Cupidons, un noir et un blanc, donc Starewitch est un des premiers en 1923 à mettre des êtres noirs et des êtres blancs.
Michel Ciment : Merci beaucoup Bernard Génin, donc je rappelle ce magnifique coffret de près de cinq heures publié par Doriane Films sur Ladislas Starewitch, cinq DVD donc et puis en salle peut voir les films de Karel Zeman, l’autre maître de l’animation, tchèque celui-là, Voyage dans la préhistoire, Le Baron de Crac, L’Arche de Monsieur Servadac.
  C’était Projection privée, une émission…

 

[1] Fétiche 33-12 est en fait un DVD distinct de L’Homme des confins.

 

* Sébastien Bazou, pour l’association Artefact.

Voir l’article sur le site d’Artefact (avec les illustrations).    http://www.artefake.com/LADISLAS-STAREWITCH.html
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LADISLAS STAREWITCH

Les rêves de l’imaginaire.
  
Ladislas Starewitch est né à Moscou en 1882. En réalisant lui-même ses premiers films d’animation, il est aussitôt remarqué par les premiers producteurs de cinéma à Moscou. Alexandre Khanjonkov va lui installer un studio dans la capitale du cinéma russe et lui faire tourner aussi des films avec de vrais acteurs, parmi les plus grands du moment. Starewitch développe tout de suite une conception novatrice du cinéma par rapport aux premières tendances qui se distinguaient peu du théâtre filmé. Il réalise des trucages, utilise des caches, rompt le rythme du récit ; son style est tout de suite identifiable, pas seulement dans les films d’animation.
   En 1914, devenu un des plus grands réalisateurs à Moscou, Starewitch prend son indépendance et devient son propre producteur. Mais les événements s’enchaînent : la guerre qui commence en août 1914 entraîne de graves difficultés en Russie, la Révolution et une nouvelle guerre civile. Il prend, comme nombre de réalisateurs et acteurs russes, le chemin d’un exil plus lointain.
   Arrivé en France à la fin de 1920 il s’installe à Paris avec sa femme et ses deux enfants, Irène et Jeanne. La communauté cinématographique russe émigrée devient très présente dans les studios de la banlieue parisienne à Joinville-le-Pont ou Montreuil-sous-Bois et c’est pour des producteurs arrivés peu avant lui que Starewitch commence à travailler surtout comme caméraman. Mais très vite il va recommencer à tourner ses films avec des marionnettes animées jusqu’à ne plus se consacrer qu’à cela. En 1924 il achète une maison à Fontenay-sous-Bois où il installe sa famille et son studio. C’est là qu’il va rester jusqu’à la fin de ses jours en février 1965 et qu’il va tourner tous ses films. Le succès revient très vite et il vit très bien développant une oeuvre très personnelle diffusée dans le monde entier. L’apogée de sa carrière se situe certainement dans l’entre-deux-guerres. Pour l’essentiel il travaille seul, aidé seulement par Irène qui va rester toute sa vie la collaboratrice de son père.
   Tous les types de marionnettes utilisés par L. Starewitch sont présents dans ces films, les insectes de ses débuts en 1909, des mammifères plus volumineux dont le visage est couvert de peau de chamois qui permet toutes les expressions du visage (Le Lion et le moucheron), et des marionnettes anthropomorphes (La Petite Parade). Des procédés techniques, comme la surimpression, permettent de mêler sur la même image des marionnettes animées et un acteur humain. Ses films sont des adaptations de textes connus de La Fontaine souvent, de Goethe pour Le Roman de Renard (son chef-d’œuvre) ou bien des scénarios originaux conçus très souvent de la même façon : un préambule joué par des acteurs définit une situation, un problème en fait, puis le film bascule dans le rêve ou bien le réalisateur / créateur donne la vie à un objet inanimé. Les marionnettes deviennent les personnages du film et trouvent une solution heureuse au problème posé. De nos jours, Starewitch est la référence de Tim Burton (pour ses films d’animations : Vincent, The Nightmare before Christmas et Corpse bride) et a énormément influencé Les Studios Aardman, responsables des Wallace et Gromit.

Les DVD

1- Les Contes de l’Horloge Magique (Trois courts-métrages des années 1920, regroupés sous un programme d’une heure.)
- La petite chanteuse des rues (1924) est le moins réussi du lot. C’est avant tout un film de fiction où intervient l’animation d’une marionnette représentant un singe, qui se substitue au vrai animal. La naïveté affichée, allié à un sur jeu des acteurs rend l’histoire sans grand intérêt. A noter toute fois une belle séquence d’animation en surimpression où le singe animé « perce » le secret d’un coffre fort.
- La petite parade (1928) est un film choral d’une remarquable construction dramatique. Tout commence dans une chambre d’enfant où les jouets s’animent une fois que les être humains sont partis (en 1995, John Lasseter reprendra cette idée pour son film d’animation Toy story). Le personnage de Casse-noisette est présenté, ainsi qu’un soldat de plomb, qui vont se disputer très bientôt les faveurs d’une petite danseuse. Mais avant cela, le diable fait irruption d’une boite à mystère et va effectuer des tours de magie (des diableries) par la transformation d’aliments et d’objets (noisette, huître, banane, cigare, bouchon) en danseuses (magnifiques séquences). Mais ce qui attire l’œil des deux rivales c’est une petite danseuse sur sa boîte à musique ! Vient alors une scène dans les bas fonds de la maison en compagnie des rats, qui prennent d’assaut « les beaux quartiers » et tentent de franchir un château miniature avec l’aide du diable pour récupérer la danseuse. Le petit soldat ayant valeureusement défendu la forteresse se retrouve jeté à la mer par une main humaine (superbe séquence maritime). Mangé par un poisson, il retournera à son point de départ pour rejoindre sa danseuse dans un feu de cheminée. Ils partirent en fumée mais ensemble et pour toujours !
- L’horloge magique (1928) est un beau conte médiéval de prince et de princesse. Dans un atelier d’horloger (filmé avec de vrais acteurs) une petite fille finie les derniers préparatifs aux automates d’une horloge et se rêve princesse. L’horloge, soudain, prend vie et nous entraîne dans un monde d’enluminures. Se déroule sous nos yeux émerveillés l’histoire d’un chevalier valeureux et de sa princesse en lutte avec un mystérieux chevalier noir qui s’avère être la mort ! La petite fille interviendra dans ce monde imaginaire pour mieux s’y replonger par la suite et faire corps avec la légende.
   Avec ces deux derniers films, Starewitch impose un monde de féerie remarquablement réalisé et mis en scène. La finesse de ses marionnettes, la beauté de ses décors, la précision de ses animations ; donnent lieu à des séquences inoubliables comme le combat avec le dragon, la danse des fleurs où la capture de Nina dans la main d’un géant (plusieurs années avant que King Kong n’attrape Fay Wray).

2- Le monde magique de Ladislas Starewitch
- Le rat de ville et le rat des champs (1926) est une belle illustration adaptée de Jean de la Fontaine, caricaturant les soirées mondaines parisiennes.
- Le lion devenu vieux (1932) continue d’explorer les expressivités animales (portées à leur comble dans Le roman de Renard). Lion, taureau, bouc, chat, singe, hibou, âne, cheval et mouche ! sont de la partie.
- Fétiche Mascotte (1933) est un film sonore qui mélange prises de vue réelles avec acteurs et animations. Un enfant demande à sa mère une orange qu’elle ne peut lui offrir. Elle verse une larme qui tombe sur un nounours en court de confection et qui se transforme en cœur. La peluche « Mascotte » prend vie. Des jouets sont emballés, puis s’évadent lors d’un transport (John Lasseter dans Toy Story 2 reprendra la même idée). Après bien des péripéties, Mascotte finit par retrouver son chez soi et offre une orange au petit garçon. Ce court est animé assez grossièrement, mais l’histoire a du charme.
- Fleur de fougère (1949) est un conte fantastique où trois générations sont représentées (le grand père, la mère et le fils). C’est une mise en abyme de l’univers de Starewitch, qui fait dire à un de ses personnages, qu’il y en a assez des histoires de La Fontaine ! Ainsi est proposé à nos yeux la légende de la fougère magique, qui exauce tous les vœux de celui qui la cueille. Jeannot, le jeune enfant part à sa recherche dans une forêt protégée par des arbres qui marchent (Peter Jackson reprendra cette idée pour le 2ème volet de sa trilogie Le Seigneur des Anneaux). La nature s’anime, et Jeannot se voit devenir prince et croise tous les personnages des contes les plus connus (le chat botté, la cigale et la fourmi, cendrillon...).

3- Le Roman de Renard (1930) est l’unique long métrage de Starewitch : un chef-d’œuvre du film de marionnettes.
   Cette fable sur les méfaits d’un renard peu scrupuleux a valeur d’universalité. Avec le respect propre au régime monarchique, et eut égard au rang de chacun, chaque personnage occupe sa place avec dignité. Lapin et Coq sont simples sujets du royaume, Ours protège la famille royale, tandis que Lion et Lionne trônent au plus haut rang. Parmi cette société ô combien structurée et où chacun obéit sans broncher aux ordres du roi, un trublion sème pourtant la zizanie parmi les habitants, dupant ici un marchand de poissons, s’obstinant là contre le Loup, ou jouant un bien mauvais tour à l’épouse du Coq. Chaque coup est fomenté avec une belle ingéniosité... d’où cette réputation nullement usurpée du renard rusé.
   Les « ciné marionnettes » du Roman de Renard ont une structure métallique ou une ossature de bois revêtue de peau de chamois. Appliquée humide, la peau de chamois colle à l’ossature et en séchant donne l’illusion de la peau, il est ensuite possible de plisser cette peau à volonté pour donner diverses expressions aux visages des personnages. Les yeux sont en verre, ceux-là mêmes qu’utilisent les taxidermistes... Les oreilles, la langue, les paupières sont en peau de chamois. Divers matériaux sont utilisés pour donner du volume comme le coton, la paille, la mousse.
   Elégance des dialogues, structure ultra-classique, efficacité de la narration, technique de la stop motion à son apogée (aux côtés de l’oeuvre de Ray HARRYHAUSEN), tout atteint ici un niveau de perfection absolu, à mille lieux des films en images de synthèse d’aujourd’hui, trop maîtrisés pour être totalement convaincants. La magie ineffable d’un récit intemporel (le film s’ouvre, tel un conte, par un livre où les personnages sont tour à tour présentés) et une mise en scène magistralement théâtrale, font du Roman de Renard un classique de l’animation hors du temps.
A voir :
- Les Contes de l’Horloge Magique. DVD disponibles chez les Editions Montparnasse. Et Doriane Films.
- STAREWITCH, 50ème ANNIVERSAIRE. Coffret 5 DVD rassemblant 19 œuvres d’animation. DVD disponible chez Heeza.
   Auteur : Sébastien BAZOU
   Mise à jour effectuée le : 7 mai 2015.
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