Ladislas Starewitch

   Willy Ronis a photographié Ladislas et Irène Starewitch dans leur studio de Fontenay-sous-Bois !
   C’est ce que révèle une exposition organisée par le Musée Intercommunal de Nogent-sur-Marne intitulée

WILLY RONIS  La Banlieue Est sous l’œil d’un maître
du 19 octobre 2024 au 31 juillet 2025
Entrée libre

   Cette exposition présente le travail de W. Ronis qui, à  la fin des années 1930 et dans l’après-guerre, a photographié dans cette banlieue Est l’atmosphère des bords de Marne, les guinguettes… et les studios de cinéma,  dont le studio Starewitch à Fontenay-sous-bois.
   Certaines des photos de Ladislas et Irène Starewitch proposées sont déjà connues parce que publiées dans la revue Regards en décembre 1945. Mais ces photos ne bénéficient d’aucun crédit, le photographe n’est pas mentionné. Le grand mérite de cette exposition est donc de révéler l’auteur de plusieurs d’entre elles : Willy Ronis. Mais certaines photos du même article sont de L. Starewitch.

Regards,15 décembre 1945, une des pages conservées
dans les archives de L. Starewitch

     W. Ronis a déjà travaillé pour Regards avant la guerre.
     Le numéro 23 de Regards, 24 pages, publié le 15 décembre 1945 pour les fêtes est intitulé « Joyeux Noël aux petits enfants de France » avec en couverture une image du film de Paul Grimaud Le Voleur de paratonnerre. L’article consacré à L. et I. Starewitch (p. 8-11) est intitulé « Poupées vedettes de cinéma » et signé G. Zuniga, (4 pages, texte accompagné de photographies non créditées, certaines en couleur).
    La revue propose d’autres articles dont Village dans la neige (crédit photos : Willy Ronis), Notre année, poème de Paul Eluard illustré d’un dessin d’Edouard Pignon, Propos de sagesse pour bien finir l’année (crédit photos : Willy Ronis), Tzarine grenouille (conte populaire russe), Dessin animé d’Emile Cohl à Paul Grimaud de Jean Pac (p. 14-17, photos non créditées).
   Ce numéro 23 de Regards est consultable dans sa totalité sur le site Gallica (Regards | 1945-12-15 | Gallica (bnf.fr)

   Ces photographies montrant Ladislas et Irène Starewitch dans leur studio proposées dans Regards sont intéressantes. Elles n’apportent pas beaucoup par rapport à d’autres photos publiées dans l’entre-deux-guerres qui montraient déjà Ladislas et Irène dans les mêmes attitudes et les mêmes lieux, elles reprennent notamment les marionnettes du Roman de Renard tourné pour l’essentiel en 1929-1930 et ressemblent parfois aux images que Ladislas et Irène ont eux-mêmes tournées dans le petit film documentaire qu’ils ont tous deux réalisés en 1932, Comment naît et s’anime une ciné-marionnette… Mais, celles de W. Ronis, prises certainement à l’automne 1945, une époque durant laquelle L. Starewitch a peut-être beaucoup de projets mais aucune réalisation en cours, témoignent d’une intense activité juste au sortir d’une période très difficile, la guerre et l’Occupation. C’est l’image que L. Starewitch veut donner de lui à ce moment. Et surtout toutes les photos prises par W. Ronis ne sont pas publiées dans Regards, les archives du photographe en conservent d’autres qui nourrissent l’exposition  au Musée Intercommunal de Nogent-sur-Marne. Il y a là une véritable découverte, et pas seulement des photos représentant Ladislas et Irène Starewitch !
   De plus, si les tirages publiés dans la presse sont de qualité très moyenne, l’exposition donne accès à des tirages de grande qualité, d’où leur immense intérêt.
   Les images exposées au Musée sont accompagnées de la présentation dans une vitrine de quelques marionnettes ou autres éléments conservés dans la Collection Martin-Starewitch et visibles sur les photos de W. Ronis. Compte tenu de la durée de l’exposition le contenu de la vitrine sera renouvelé trois fois au cours de la période, avec trois thèmes successifs : Le Roman de Renard, Les Yeux du dragon, la série Fétiche.
   Le Musée Intercommunal de Nogent-sur-Marne a déjà présenté des marionnettes et divers documents de la Collection Martin-Starewitch au cours d’une précédente exposition consacrée aux studios de cinéma dans le Val-de-Marne, voir ici.

   D’un autre côté, on aimerait en savoir davantage sur les relations entre les deux artistes. Même s’ils ne sont pas de la même génération – W. Ronis est né à Paris en 1910, L. Starewitch à Moscou en 1882 avant de vivre longtemps à Kovno (Kaunas), en 1945 le premier a 35 ans, le second 63 – ils ont des origines communes. Emmanuel Ronis, le père de Willy venait d’Odessa et sa mère, Tauba Gluckman, de Lituanie fuyant les pogroms organisés dans l’Empire russe… et peut-être des points communs, L. Starewitch pratiquait la photographie dans le cadre de son travail et de sa famille… Ce sont deux artistes exigeants chacun dans son domaine. L. Starewitch est un réalisateur important des années 1910-1930, unique et inégalé dans son domaine de la stop motion, dont la notoriété faiblit alors un peu. La carrière de W. Ronis commencée depuis une dizaine d’années est à la veille d’un essor qui le fait mondialement connaître.

WILLY RONIS  La Banlieue Est sous l’œil d’un maître

Musée Intercommunal de Nogent-sur-Marne
36 boulevard Galliéni
Tél : 01 48 75 51 25

Entrée libre

Site du Musée : https://museenogentsurmarne.net/