1895, revue d’histoire du cinéma, évoque Ladislas Starewitch, nos travaux dont nos deux derniers livres…
  Une page de la revue d’histoire du cinéma 1895, dans son n°105, printemps 2025, p. 273, est consacrée à Ladislas Starewitch et à nos travaux :  
 

ERRATA/CORRESPONDANCE, N°104, p. 228 : Starewitch
« Dans le passage de la notice concernant le Portrait d’Itkine d’Olivier Barrot, il est mentionné la participation de Sylvain Itkine au film d’Irène et de Ladislas Starewitch, le Roman de Renard (d’après le Roman de Renart, ensemble de textes médiévaux mettant en scène le renard Goupil). À ce propos, François Martin nous signale trois imprécisions. D’une part dans le titre du film Renard s’écrit avec un « d » et non un « t » – comme c’était le cas dans le scénario d’Irène Starewitch. D’autre part, le film a été, dès 1929, conçu comme sonore : des essais furent entrepris avec une musique de Michel Lévine, qu’un désaccord avec le producteur empêcha dix ans durant d’aboutir après son achèvement en 1931 (avec deux négatifs muets). Enfin en 1929, le film est produit par Louis Nalpas tandis que l’UFA a produit Reineke Fuchs, en 1937, c’est-à-dire la version sonore allemande du film avec les modifications dues à la production allemande (musique : Julius Kopsch). Rappelons en effet que Goethe avait écrit sa propre version du Roman de Renart en 1794. La version sonore française de 1941 a été produite par Roger Richebé (alors membre de la sous-commission des producteurs créée par le COIC avant d’en être, deux ans plus tard, le délégué général). Celui-ci s’était assuré en 1939, par contrat auprès de l’UFA, l’utilisation du montage image et de la bande-son internationale (musique et bruitages) allemands. Des difficultés diverses et la période de guerre puis la défaite retardèrent encore la sortie du film jusqu’au 10 avril 1941 où il est accompagné d’une musique de Vincent Scotto. L’histoire de ce film et de ses différentes versions est développée dans la biographie de L. Starewitch (Léona Béatrice et François Martin, Ladislas Starewitch (1882-1965), Le cinéma rend visibles les rêves de l’imagination, Paris, L’Harmattan, 2003), aux pages 171-219, et, plus récemment dans un dossier accompagnant la sortie de la dernière restauration de ce film, Le Roman de Renard, en 2016, dans un DVD qui propose les deux versions de 1937 et de 1941 (disponible sur le site www.starewitch.fr). L’œuvre de Starewitch continue de susciter des travaux historiques ou critiques dans les divers pays concernés : le site indiqué ci-dessus en dresse la bibliographie commentée. Notons encore que Léona Béatrice et François Martin ont publié récemment une Filmographie raisonnée de Ladislas Starewitch et Le vingtième siècle de Ladislas Starewitch - historiographie, qui font le point sur la filmographie et l’historiographie du réalisateur en utilisant l’ensemble des informations disponibles en Russie, en France, Pologne, Allemagne et Pays baltes. Parmi les nouveautés, signalons notamment les missions pédagogiques mises en place par le gouvernement espagnol au début des années 1930, les projections de films à la télévision mexicaine au début des années 1990 et, en France, l’exposition « Willy Ronis. La Banlieue Est sous l’œil d’un maître » (Musée Intercommunal de Nogent-sur-Marne jusqu’en juillet 2025), qui comporte des photos inédites pour certaines de Ladislas et Irène Starewitch dans leur studio de Fontenay-sous-Bois et quelques marionnettes originales. »

   Je ne pensais pas que la revue ferait état de ce courrier dans lequel je signalais seulement les erreurs concernant le film de L. et I. Starewitch contenues dans ce compte rendu du livre d’Olivier Barrot Portrait d’Itkine. Sinon j’aurais aussi indiqué deux autres erreurs dans ce compte rendu qui auraient pu également être rectifiées : 
   La première est une erreur factuelle, l’auteur anonyme du compte rendu écrit que « Sylvain monte avec son frère Lucien une coopérative, “Croque-Fruit” (fabriquant de la pâte de fruit)… ». Or la coopérative ouvrière se nomme “Le Fruit Mordoré” et fabrique un produit nommé “Croque-fruit” dans le livre d’O. Barrot (p. 80-81), il y a une confusion de la part de l’auteur anonyme. 
   La seconde est plus importante sans doute. « Ce portrait d’Itkine me mène à ma propre histoire » écrit O. Barrot (p. 99) avant de s’autoriser (sans aucune preuve pour l’étayer, dit-il lui-même) un rapprochement entre Sylvain Itkine et son propre père Jean-Claude Barrot en imaginant qu’ils se sont forcément rencontrés dans le cadre de leurs activités au sein de la Résistance à Lyon durant la période 1943-1944. Tous deux sont nommés chevaliers dans l’Ordre national de la Légion d’honneur à la fin de la guerre, à titre posthume pour S. Itkine (sans doute J. C. Barrot a-t-il bénéficié d’une « distraction de la Gestapo » selon l’expression de Vladimir Jankélévitch ?). Plusieurs autres membres de la famille d’O. Barrot sont également impliqués dans ces actions de résistance. Or le compte-rendu dans 1895 évoque cette dimension familiale de façon beaucoup trop allusive par rapport à l’importance que lui accorde O. Barrot (une quinzaine de pages dans un livre qui en comprend 113) faisant ainsi le silence sur une facette essentielle, et toute personnelle, de la motivation d’O. Barrot à écrire cette biographie. 
   J’aurais aussi souligné que les erreurs que j’ai relevées dans le compte-rendu du livre d’O. Barrot concernant Le Roman de Renard de L. et I. Starewitch sont toutes dues à l’auteur du compte-rendu, pas à l’auteur du livre ! Pourquoi ajouter des erreurs ? Cela est d’autant plus regrettable qu’à nouveau dans ce petit texte publié dans le n°105 l’auteur toujours anonyme ajoute à nouveau des erreurs ou des approximations !
   En effet, l’auteur anonyme m’attribue, concernant Le Roman de Renard, des propos que je n’ai pas tenus dans le courrier adressé à la revue : « des essais furent entrepris avec une musique de Michel Lévine, qu’un désaccord avec le producteur empêcha dix ans durant d’aboutir après son achèvement en 1931… ». Ces propos, inventés par l’auteur anonyme, sont très confus : on ne sait si le conflit opposa le producteur, Louis Nalpas, et le musicien, Michel Lévine, ou bien le producteur et le réalisateur, L. Starewitch. Dans tous les cas l’idée d’un film empêché pendant une durée de dix ans à cause de ce conflit est complètement fausse. Le 23 décembre 1935, L. Nalpas et L. Starewitch sont parvenus à un accord par lequel le premier renonce à tous les droits qu’il a pu avoir sur le film et le second retrouve la liberté d’utiliser le négatif.  C’est ce qu’on lit dans le livre Ladislas Starewitch (1882-1965), le cinéma rend visibles les rêves de l’imagination à la page 176, livre cité par l’auteur de cette phrase mais qu’il n’a pas dû lire avec l’attention nécessaire.
   Une autre phrase du même auteur pose deux problèmes : « La version sonore française de 1941 a été produite par Roger Richebé (alors membre de la sous-commission des producteurs créée par le COIC avant d’en être, deux ans plus tard, le délégué général). » Premier problème : le contrat entre L. Starewitch et R. Richebé est signé le 5 juin 1939 (p. 178 du même livre) et le visa de censure est obtenu le 7 octobre 1940 (p. 183), le film est donc terminé avant cette date. De son côté, le C.O.I.C. est mis en place en octobre 1940 (p. 168). Ainsi la phase de production du film a-t-elle eu lieu avant la création de cet organisme mis en place par les autorités de Vichy. En 1941, R. Richebé agit en tant que distributeur du film comme l’indique l’annonce du journal Le Film du 12 avril 1941 publiée en accompagnement de ce petit texte consacré à L. Starewitch dans le n° 105 de 1895. Le second problème découle de cette confusion introduite par l’auteur anonyme : L. Starewitch aurait lié son projet à une personnalité qui participe aux instances mises en place par ces autorités de Vichy. Or il est évident qu’entre le 5 juin 1939, octobre 1940 et avril 1941 la situation en France a grandement évolué, ce qui est bien décrit dans ledit livre (p. 182), que personne ne pouvait prévoir l’issue de la guerre qui s’annonçait et encore moins le comportement de chacun lors de la mise en place du gouvernement du maréchal Pétain. Il y a donc dans cette phrase de l’auteur anonyme une approximation et un amalgame totalement erronés et très préjudiciables à ce qu’ont pu être l’attitude et la situation de L. Starewitch à cette époque. Durant la période de l’Occupation, L. Starewitch n’a pas pu réaliser de film et a subi des pressions fortes de la part de l’Occupant auquel il n’a pas cédé (voir p. 163-168 du même livre). 
   J’avais envoyé nos deux derniers livres à la rédaction de 1895 et reçu cet accusé de réception en janvier 2025 : « mon collègue me confirme que ces ouvrages ont bien été reçus et qu’ils sont déjà entre les mains de la personne à qui a été confiée le compte rendu ! », et il semblerait que cette page publiée dans le n°105 tienne lieu de “compte rendu”.

J’avais déjà écrit, en 2022, à la revue à la suite de la publication d’un compte rendu du livre de Stanislas Dedinskiy : Le dresseur de scarabées. Ladislas Starewitch fonde l’animation, Moscou, 2021) pour exprimer mon vif désaccord avec ce compte rendu (n°42) qui témoignait d’une grande méconnaissance de l’œuvre de L. Starewitch et de nos travaux. Voir le compte rendu de 1895, et mon compte rendu du livre de S. Dedinskyi).
À toutes ces remarques et erreurs relevées, la réponse reçue a été : « Quant aux éventuelles imprécisions : vous-même, vos livres et votre site sont largement mentionnés dans cette notice et les lecteurs peuvent donc s’y référer s’ils souhaitent approfondir ces brèves informations et, par là-même, les corriger au besoin. » Ce qui incite à lire 1895 comme un jeu des sept erreurs !
   Il y a eu d’autres rendez-vous manqués avec 1895.
  Bien sûr, en 1993, sur la suggestion de Jean-Pierre Jeancolas, à une époque où 1895, Revue de l'association française de recherche sur l'histoire du cinéma, était encore l’expression d’une association dont témoignaient des rubriques comme « la vie de l’association » ou bien « droit de réponse » avant de devenir une revue quasi exclusivement d’universitaires, j’ai publié un petit article intitulé “ Le fonds Starewitch”.
Bien sûr en 2003, 1895 a publié un compte rendu de notre biographie de L. Starewitch (n°44, p. 135-136) qui comprenait quelques affirmations curieuses auxquelles j’avais répondu (voir ici) mais sans recevoir d’écho.
Bien sûr en 2006, 1895, comme je l’avais fait directement auprès de l’auteur (voir ici), avait contesté des propos tenus par Sébastien Roffat dans son livre Animation et propagande. Les dessins animés pendant la Seconde Guerre mondiale, 2005, mettant en cause L. Starewitch dans sa relation avec l’Allemagne nazie : « […] De la même façon, des films sonores des frères Diehl (Ferdinand, Hermann et Paul), Ladislas Starévitch, Paul Péroff et d’autres sont seulement disponibles en copies muettes et peuvent se faire passer pour des films des années vingt, bien qu’ils fussent produits en 1937 ou en 1941 en Allemagne. » (page 55). La revue 1895 répondit : « La question de l’animation pendant l’époque nazie a été largement ignorée ou même falsifiée » dit l’auteur (p. 55) sans que l’on comprenne très bien de quelle façon il juge Fischinger, Lotte Reiniger, Peroff, Starevitch « compromis » parce que leurs films dateraient de cette époque. » (voir le texte intégral)
   Mais il y aussi ces rendez-vous manqués.
   En 2002 tout d’abord à travers le Dictionnaire du cinéma français des années 1920 publié sous la direction de François Albera et Jean A. Gili (1895, n°33). Non seulement ce dictionnaire ne propose aucune entrée L. Starewitch, mais pas plus Émile Cohl ou d’autres réalisateurs de cinéma d’animation comme O’Galop ou Robert Lortac. Encore plus significatif Jean Gili, l’auteur de l’article présentant Pierre Chenal, a exclu de sa description du film de Pierre Chenal et Jean Mitry Paris cinéma, 1929, tous les réalisateurs de cinéma d’animation. Pour rappel Paris cinéma présente un certain nombre de réalisateurs de la fin des années 1920 Alberto Cavalcanti, Henri Wulschleger, Augusto Genina mais aussi L. Starewitch, André Rigal et Saint-Ogan. C’est-à-dire que, bon reflet de ce Dictionnaire, le cinéma d’animation a disparu de cet article (pour plus de détails, voir Léona Béatrice Martin-Starewitch et François Martin : Le vingtième siècle de Ladislas Starewitch, historiographie, 2023, p. 180-182). Et la réponse à la réaction émise par Pierre Courtet (petit-fils d’Émile Cohl) et moi-même auprès de 1895 face à cet oubli reçut une réponse peu convaincante : « Le cinéma d’animation n’a en effet pas pu être pris en compte faute d’un article général le concernant. » (voir 1895, n°36, p. 184). On peut ajouter que dans les années 1920, L. Starewitch arrive en France fort de sa notoriété acquise à Moscou par ses films de Stop Motion, mais aussi de ses, encore plus nombreux, films en vues réelles et sa compétence largement reconnue au sein de ces « immigrés russes » comme opérateur qui lui permet d’être employé en tant que tel par  Alexandre Ouralski et Yakov Protazanov en 1921. Ce n’est pas seulement un cinéaste d’animation ! 
Autre rendez-vous manqué dans ce volume Léon Moussinac, un intellectuel communiste, 2014, de Valérie Vignaux publié par l’A.F.R.H.C. qui consacre presque trois lignes à « Stanislas (sic) Starewitch » et attribue le scénario du film Les Grenouilles qui demandent un roi, devenu La Grenouille qui voulait être roi (sic) alors que ce « scénario » est surtout un découpage. Accumulation d’erreurs et/ou d’approximations ! (voir cet ouvrage, p. 162)
Bien pire ces propos d’un autre grand contributeur à la revue 1895, François de la Bretèque qui ose écrire dans la préface du livre de Marie Poirson-Dechonne Ladislas Starewitch - Le magicien des marionnettes, 2024, à propos de L. Starewitch cette phrase inacceptable : « Il traverse sans encombre la période de Vichy. » (Voir la préface de F. de la Bretèque, p. 10-13, dans notre compte rendu de ce livre)
   Après les propos de S. Roffat sur la relation entre L. Starewitch et le nazisme, et cette phrase calomnieuse de De la Bretèque, la lecture de cette page du n°105 de 1895 qui induit une relation entre L. Starewitch et un membre du C.O.I.C. de Vichy m’a fait réagir assez vivement, d’où ce passage de la lettre envoyée à François Albera, rédacteur en chef de 1895 reproduit ci-après :
     « 1- Comme tout individu vivant en France pendant l’Occupation, L. Starewitch a été soumis au rationnement alimentaire, aux restrictions de liberté, à l’arbitraire, aux risques liés au conflit militaire…
       2- Son film Le Roman de Renard a subi la censure de certaines expressions de la part des autorités de Vichy en octobre 1940 et le contexte a entraîné des difficultés de distribution qui ont largement diminué la carrière de ce film. Voir des détails ici, p. 10-13.
       3- Durant toute cette période, en tant qu’étranger, L. Starewitch, de nationalité polonaise, n’a pu tourner aucun film, d’où aucun revenu nouveau et une perte de notoriété au moment où, par exemple, Paul Grimault émerge.
    4- Il a de plus subi personnellement de fortes pressions de l’Occupant comme nous l’avons relaté dans notre biographie publiée en 2003 (p. 166-167) :
   « Survient un épisode très particulier de la vie de L. Starewitch dont il ne reste, pour l’instant, aucune trace écrite directe, mais que Charles Ford évoque dans l’article déjà cité qu’il consacre à L. Starewitch en 1958 (« Ladislas Starevitch », in Films in Review) et dont Irène se souvenait très bien. Pendant l'Occupation les services de la propagande allemande voulurent que L. Starewitch aille travailler à Berlin. Goebbels lui-même aurait vu et apprécié Reineke Fuchs avant la guerre et les autorités allemandes lui supprimèrent ou le menacèrent de lui supprimer ses papiers et ses cartes de ravitaillement pour le contraindre à partir. Arrivé en Allemagne avec Irène il demanda pour travailler des documents et des matériaux introuvables, sinon en France, de telle sorte qu'on les laissa revenir à Fontenay. La durée de cette absence est inconnue mais on constate qu’entre le 4 décembre 1941 et le 14 octobre 1942 aucun courrier arrivé à Fontenay n’a été conservé dans les archives familiales sauf deux lettres concernant des affaires anciennes : la première émane de l’Office des Brevets et Inventions qui demande à Irène si elle souhaite renouveler le brevet concernant les marionnettes déposé en mars 1935 et la seconde informe Irène qu’Eden Production détient une nouvelle copie de Fétiche se marie et qu’elle peut la récupérer. Ce faible courrier qui exclut toute lettre de nature privée témoigne aussi du net ralentissement des activités cinématographiques de L. Starewitch. Nina s’étant mariée le 7 janvier 1942 à Fontenay toute la famille a dû être présente lors de cet événement, ce séjour en Allemagne se situerait donc au cours de l’année 1942. Sur la « carte de séjour de résident ordinaire » qu’Irène obtient en 1977 en face de la rubrique « date d’arrivée en France » elle fait indiquer « juin 1942 ». Il n’y a donc que des indices mais il reste également deux scénarios rédigés en allemand qui correspondraient à cette activité avortée en Allemagne, un scénario original Biquette jolie (« Zieglein Schön », deux pages dactylographiées) et le scénario d’un film publicitaire daté justement du 9 avril 1942, Peter greift ein, d’une longueur de 45 mètres. » 
     5- Sa fille cadette, Jeanne, exerçait la profession de chirurgien-dentiste à la veille de la guerre. Polonaise d’origine, elle devient française par mariage en janvier 1942, et elle est frappée d’interdiction professionnelle en novembre 1942 par les autorités de Vichy comme Française d’origine étrangère.
   Ces différents éléments ont été relatés dans notre biographie parue en 2003, dans le dossier accompagnant le DVD en 2016, et parfois développés dans notre dernier livre Le vingtième siècle de Ladislas Starewitch – historiographie paru en 2023. Non seulement cette phrase de F. de la Bretèque « Il traverse sans encombre la période de Vichy. » est contraire à la vérité historique comme le montrent les points n°2, 3, 4 et 5, Ladislas Starewitch et sa famille ont personnellement pâti de cette période Vichy/Occupation, mais cette phrase « Il traverse sans encombre la période de Vichy. » suggère pire : L.  Starewitch n’aurait pas souffert du rationnement alimentaire, des privations de libertés…, de tout ce contexte général, or seules les personnes appartenant aux différents cercles gravitant autour des autorités de Vichy et/ou des autorités d’Occupation, les profiteurs et collaborateurs de toutes natures, ont pu échapper à ces situations. L. Starewitch n’a appartenu à aucun de ces cercles ! Cette phrase est historiquement fausse, calomnieuse et insupportable et F. de la Bretèque, grand collaborateur de 1895, doit s’en expliquer.  J’espère que vous pourrez lui communiquer mes propos. »
  Évidemment à côté de cette phrase insupportable de De la Bretèque, les propos de la page 273 du n°105 de 1895 semblent anodins. Bien sûr Roger Richebé est producteur du Roman de Renard, il l’est au moment de la sortie du film en salle et le reste jusqu’à maintenant. Son rôle, pour ce film, a néanmoins été plus important que la simple production dans la mesure où le générique porte la mention « adapté par Roger Richebé », mais cette activité liée à la production et à l’adaptation s’est déroulée avant avril 1940, sinon comment expliquer, par exemple, la présence de ces mots du Roi qui, à la fin du film, reconnaissant qu’il ne peut soumettre Renard, déclare signer avec ce dernier « un pacte de paix et d’amitié », expression censurée en octobre 1940. (Ou bien l’expression « caporal de la garde » : caporal est le grade atteint par Hitler à la fin de la Première Guerre mondiale, et c’est par ce terme « le caporal » qu’Hindenbourg, Président de la République, appelait Hitler de façon méprisante même après l’avoir nommé chancelier.) C’est pour cette raison qu’il me semble erroné de lier cette activité de production à l’appartenance de R. Richebé au C.O.I.C. Il y a au minimum une confusion chronologique. Le travail de L. Starewitch avec R. Richebé pour la production et la réalisation du film ne se situe pas au moment où R. Richebé était membre du C.O.I.C., mais bien avant.
   Compte tenu du précédent S. Roffat, de ces propos inacceptables de F. de la Bretèque, et j’aurais pu citer d’autres exemples non liés d’une façon ou d’une autre à 1895, vous comprendrez que je sois très sensible à ce sujet qui me paraît grave compte tenu des enjeux qu’il recèle. »
   Réponse de François Albera :
« Merci de toutes ces précisions. Le « cas » Starewitch sous l’Occupation aurait pu faire l’objet d’un article s’il n’était déjà traité, comme vous l’indiquez, dans vos ouvrages. Si de nouveaux éléments étaient mis à jour – concernant ce séjour en Allemagne en particulier et l’empêchement à mettre en œuvre des projets en France durant la période – ce serait une occasion d’y revenir.
J’ai bien informé de La Bretèque de vos remarques critiques. »
Il y a néanmoins, en ce qui en concerne, d’autres facettes dans la vie, l’œuvre et les influences de L. Starewitch qui m’intéressent davantage. Ma proposition d’un article sur L. Starewitch pour 1895 n’a pas essuyé de refus mais une réponse plutôt dilatoire…
« Pour ce qui est d’un article sur Starewitch, je ne vous ai pas répondu, d’une part parce que l’établissement des sommaires, dossiers, etc. se fait en Comité de rédaction (et qu’on se réunit dans quelque temps), d’autre part, parce que les numéros à venir les plus proches (106, 107, 108) sont déjà « programmés » et que ce sont eux qui me mobilisent dans l’immédiat. Enfin on essaie de regrouper les sujets connexes en ensembles ou sous-ensembles, comme vous pouvez le constater, ce qui permet une plus grande cohérence par numéro mais complique aussi les choses (retards, défections, etc.).
Mais je retiens votre proposition et ne manquerai pas de vous dire quelle suite est envisageable. »
  Pour 1895, Il n’y a pas urgence à mieux traiter ce réalisateur avec plus de rigueur et de présicion, même dans une “revue d'histoire du cinéma” si peu au fait de son actualité et de son importance…
  C’est dire, pour finir ce texte un peu long mais qu’il fallait argumenter, le très grand désappointement dans la façon dont L. Starewitch est traité dans cette revue 1895, à travers des textes tous rédigés par des universitaires, même si pour certains cela représente un effort. Force est de constater la large ignorance dont il pâtit en ce lieu et la mise à l’écart du cinéma d’animation. 
  L. Starewitch pourrait pourtant aussi être présent quand il s’agit de films en vues réelles, d’images composites, de trucages, de la notion d’“auteur”… Mais non !
   Au final quelle image du cinéma donne la revue 1895 ?
François Martin, 22 octobre 2025
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