Positif - n°755 - janvier 2024 - DVD La période russe de Ladislas Starewitch - Bernard Génin

 

                    Bernard Génin présente le DVD La période russe de Ladislas Starewitch dans Positif - n°755 - janvier 2024 

 

Positif, n° 755 janvier 2024, p. 78-79

Bernard Génin

La Période russe de Ladislas Starewitch

2 DVD + 1 livret de 24p.,

Doriane Films

 

   « Le nom de Starewitch évoque instantanément le précurseur en stop motion, auteur en 1930 du Roman de Renard, génial premier long métrage d’animation de marionnettes. Mais Starewitch, alors âgé de 48 ans, avait déjà un riche passé de cinéaste voyageur puisque, né à Moscou de nationalité polonaise, il avait travaillé à Yalta, quitté la Russie pour l’Italie, avant de se fixer à Fontenay-sous-Bois jusqu’à son décès, en 1965.
Sur sa « période russe », il restait beaucoup à découvrir, surtout dans le domaine du cinéma avec acteur. Aidée de son mari, l’historien François Martin, sa petite-fille, Léona Béatrice Martin-Starewitch, a réuni 14 films (tous muets hélas !, la musique manquant cruellement pour certains) où les talents en prises de vues réelles de son grand-père (déjà présent dans une foule de courts métrages mêlant comédiens et figurines) sont évidents.
Le livret Ladislas Starewitch invente son cinéma raconte sa découverte d’effets spéciaux comme la surimpression et le fondu enchaîné qui abondent dans Le Portrait (1915) d’après une nouvelle de Gogol où un tableau se met à vivre et rend fou le peintre qui l’a acheté. Dans Le Lys de Belgique (1915) l’armée allemande envahissant la Belgique est figurée par des cafards abattant un lys blanc.
Starewitch qui avait 35 ans lors de la révolution de 1917, vécut les événements majeurs du XXème siècle sans que rien ou presque ne paraisse dans son œuvre. De cette période date pourtant Vers le Pouvoir populaire (23 minutes), film d’éducation civique (sans animation), totalement atypique autour d’un complot ourdi par un directeur d’usine contre un responsable politique, le but étant de rappeler leur devoir aux citoyens au moment d’une élection. Dans Cagliostro (1918, 36 minutes) qui commence comme « kitscherie » égyptienne, on note le soin apporté aux ambiances et aux lumières de cette histoire de sorcellerie. D’autres inédits du début des années 1910 – parfois de qualité moyenne car repris de copies numériques – sont proposées, comme Le Voyage sur la Lune (1912), dix ans après Méliès ! On redécouvre avec plaisir une copie restaurée de La Revanche du ciné-opérateur (1912), abracadabrante histoire d’héritage jouée par des insectes dont l’un est cinéaste, véritable déclaration d’amour de l’auteur à son métier. » Bernard Génin, Positif, n° 755 janvier 2024, p. 78-79.